Au
large de tes yeux, il y a des barques couleur de cerne, des pupilles qui s’émoussent.
Orphelins d’un regard, quelques marins qui s’enhardissent sans leurs malles
d’ivoire. Aux Battements de tes tempes, il y a des tant pis, des tempêtes, des
temps qu’il faudra. Des battements tendus comme un voile blanc. Une ancre de
solitude et le jais de l’horizon sur ton chignon défait.
Ce
matin, c’est un temps de bourrasque.
Noyé
dans la mer salée de tes larmes, je navigue à vue. Quand la pluie tombe à
flots, je sais les mots qui chavirent. Les œillades en porte-voix, le ciel
prunelle, la nuit qui gronde. Je sais tes sursauts, le remous des vagues et des
soupirs quand tu viens te blottir tout contre moi. Je sais les contours de ta
vie, tes peaux de chagrin adoucies par des pensées de brume. Mais la vieillesse
s’engloutit parfois. Elle sombre dans le sommeil puis disparaît avec la mort. Tu
dis alors que vieillir est une fortune de mer et le temps, un triste pilleur
d’épaves. Qu’il faut croire en ses chimères ou bien périr…
Au
large de tes yeux, il y a des rides comme des ralingues au vent. Des étraves
dans l’amer, un front de mer, des visions enchanteresses. Des clignements
d’effroi, des voyages au long-cours dont on ne revient pas. Au bout de ta
jumelle, il y a une âme sœur, des lames de fond et des grains de beauté
violents. Il y a tant de baumes salutaires, d’onguents et de voiles, d’espars
et d’espoirs, tant de fards et d’éclats, tant d’ivresse et de ris à larguer, tant
d’envies à couler, que bientôt, j’irai me fondre dans ta dernière larme...
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